La voix « intensément » humaine de Poulenc par Barbara Hannigan
La voix « intensément » humaine de Poulenc par Barbara Hannigan
Barbara Hannigan, soprano et cheffe d’orchestre canadienne de renommée mondiale, sera de retour à la Maison symphonique pour quatre concerts avec l’OSM. Les 21 et 22 février, elle dirigera et chantera dans un programme consacré à Richard Strauss et à Poulenc; les 28 et 29 février, elle interprétera In the Half-Light de Zosha Di Castri, sous la direction de Rafael Payare.
« Être musicienne et faire de la musique est la chose qui me rend la plus heureuse. » — Barbara Hannigan
Ce bonheur, l’artiste le transmet avec intensité et le partage sans réserve avec le public. L’événement le plus marquant de sa présence à la Maison symphonique sera son interprétation de La voix humaine de Poulenc, dans une production scénique qu’elle a conçue avec le vidéaste Denis Guéguin et le metteur en scène Clemens Malinowski. Cette réalisation, qui a rencontré un immense succès en Europe, sera présentée pour la première fois en Amérique du Nord.
La voix humaine de Cocteau et de Poulenc
La pièce de Cocteau, écrite en 1929, repose la conversation téléphonique d’une femme avec son amant qui vient de la quitter. Paradoxalement, par son caractère dépouillé, très réaliste, le texte accentue l’aspect dramatique de la situation, la rendant plus amère. Quant au téléphone, il symbolise la distance, l’éloignement et l’isolement vécus par l’héroïne, Elle.
En 1958, Poulenc compose une tragédie lyrique sur le texte de Cocteau. Le compositeur confère au chant la liberté du discours parlé ainsi que maintes nuances vocales qui traduisent l’étonnante palette d’émotions de la protagoniste. Les silences, qui exercent un rôle crucial dans le déroulement de la tragédie, permettent au public de s’impliquer dans le drame qui se joue, tout en lui laissant la liberté d’imaginer la nature des réponses de l’amant en fonction de sa propre sensibilité.
La pièce de Cocteau et le monodrame de Poulenc ont fait l’objet de plusieurs mises en scène et d’adaptations au cinéma et à la télévision. Barbara Hannigan en propose une nouvelle lecture troublante, très personnelle.
La voix humaine de Barbara Hannigan
Barbara Hannigan est une véritable star du monde classique. Adulée par les plus grands chefs d’orchestre, égérie de plusieurs compositeurs et compositrices qui écrivent régulièrement pour elle, Barbara Hannigan est une des rares femmes qui allient le chant avec la direction d’orchestre, et les maisons d’opéra les plus réputées se l’arrachent.
La curiosité et un goût prononcé pour l’expérimentation qui caractérisent la démarche artistique de cette immense artiste l’ont incitée à revisiter l’œuvre de Poulenc dans une production mêlant projection vidéo en direct et film préenregistré. Trois caméras au sein de l’orchestre et un écran, placé derrière lui, permettront au public de suivre le jeu d’actrice de la soprano. Cocteau disait que sa pièce donnait à l’interprète l’occasion de jouer deux rôles : le premier lorsqu’elle parle, le second, lorsqu’elle écoute. Barbara Hannigan en tiendra trois puisqu’elle dirigera simultanément l’OSM.
La conception originale de cette production résulte en partie des choix de l’artiste, du vidéaste et du metteur en scène. Elle, l’héroïne du monodrame, est présentée comme une femme qui se débat dans sa passion, entre mensonge et sincérité, cherchant à contrôler ses émotions; elle possède toute l’énergie que lui insuffle Barbara Hannigan. Toutefois, la soprano laisse un doute s’installer quant à la présence de l’amant : existe-t-il ou n’est-il qu’un fantasme de la femme abandonnée?
Celle qui se définit comme une « actrice qui chante » et non comme une chanteuse qui joue, réalise un véritable tour de force, une performance de concert hors du commun dans cette production de La voix humaine. Considérant la scène comme une extension d’elle-même, Barbara Hannigan s’investit tant physiquement qu’intellectuellement afin de « devenir la musique » et d’incarner le personnage, cherchant toujours à être authentique dans son interprétation. Avec sa puissance expressive vocale et physique, elle a le don de capter l’attention du public, de le tenir en haleine, pour le faire vibrer, réfléchir et participer à l’action.
« Le public est attiré par les performances de haut niveau, c’est comme dans le sport. » — Barbara Hannigan
Lors des 21 et 22 février, Barbara Hannigan dirigera également Métamorphoses de Richard Strauss, une œuvre instrumentale imprégnée d’un profond lyrisme. La perte, l’impossible retour en arrière et la sincérité exprimés par Strauss le relient à Poulenc pour créer l’unité dramaturgique du concert.
Saisissez la chance d’entendre et de voir cette immense artiste, de partager avec elle des émotions intenses, authentiques et d’une rare qualité dans un format de concert innovant!
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