Lucienne Renaudin Vary, l’élégance du souffle
UN PARCOURS À COUPER LE SOUFFLE
Lucienne Renaudin Vary a grandi dans un environnement familial imprégné de musique où le jazz, la musique classique et les chansons populaires étaient écoutés quotidiennement. Très jeune, elle s’est passionnée pour l’opéra Carmen de Bizet, l’écoutant en boucle jusqu’à le mémoriser entièrement. À huit ans, elle découvre la trompette : c’est un véritable coup de foudre! Sa sonorité, la façon de la tenir et la polyvalence des styles musicaux qu’elle offre l’enthousiasment. Fascinée par l’instrument qu’elle découvre, elle joue sans interruption, obligeant ses parents à cacher l’embouchure de sa trompette afin de protéger ses lèvres.
En 2013, Lucienne participe aux 20e Victoires de la musique en compagnie de neuf trompettistes pour un hommage à Maurice André; elle est alors âgée de 13 ans. Deux ans plus tard, elle est élue « Révélation Soliste instrumental » aux Victoires de la musique classique et, en 2018, elle joue en première partie du concert de Wynton Marsalis et Ibrahim Maalouf au Festival de jazz de Marcillac : une véritable consécration pour cette jeune interprète qui excelle dans tous les répertoires. Première femme à recevoir le prix de la fondation suisse Arthur Waser, elle est artiste en résidence au Festival Menuhin de Gstaad, en Suisse, depuis 2020. Qu’elle joue avec les plus grands orchestres ou avec des musiciens de jazz renommés, Lucienne enchaine concerts, tournées internationales et présence dans les médias
Face à cette ascension fulgurante, la trompettiste reste sereine, reconnaissant que tout s’est mis en place progressivement. « Suivez votre instinct. Profitez simplement de ce que vous faites et soyez vous-même », conseille-t-elle. Toutefois, sans un travail acharné, une farouche détermination et une réflexion musicale approfondie, sa réussite ne serait pas aussi éclatante
LA MUSIQUE? TOUTES LES MUSIQUES!
Lucienne Renaudin Vary a enregistré quatre albums dont le contenu reflète l’éclectisme de ses goûts musicaux et sa polyvalence artistique. Attirée par le mélange des genres, elle ne met aucune étiquette sur ce qu’elle aime; pour elle, c’est tout simplement de la musique.
« Ça m’a toujours plu de faire du classique et du jazz, j’y trouve un bon équilibre. En jazz il y a une certaine liberté qu’il n’y a pas forcément en classique. » — Lucienne Renaudin Vary
Artiste aux multiples talents, elle ne se contente pas de jouer le répertoire, elle improvise, elle chante et elle pratique l’art de siffler. Passionnée par le chant, son lyrisme et son expressivité, elle trouve son inspiration chez plusieurs interprètes tels le contreténor Philippe Jarrousky, le ténor Jonas Kaufmann, la chanteuse égyptienne Farah Said et Amy Winehouse qu’elle écoute depuis de nombreuses années. Autant de styles et de répertoires différents qui nourrissent sa créativité. « La trompette, c’est ma voix », dit-elle.
FEMME ET TROMPETTISTE
« Quand j’étais petite, il n’y avait pas beaucoup de [femmes] trompettistes et c’est assez difficile pour une petite fille de s’identifier à ce que l’on a toujours vu, un homme un peu fort, voire un peu gros, qui joue de la trompette. » — Lucienne Renaudin Vary
Avec un son aérien et lumineux, une grande musicalité, une inépuisable énergie ainsi qu’un jeu subtil et éblouissant, celle que l’on surnomme « la Fée trompette » (Le Monde) a réussi à faire tomber tous les préjugés concernant un instrument souvent considéré comme essentiellement masculin
Il est grand temps, déclare Lucienne, de combattre les idées reçues entourant cet instrument. Il n’est nul besoin d’avoir une cage thoracique surdimensionnée pour souffler dans une trompette et en sortir des sons puissants, affirme-t-elle, seul le travail mène à la réussite, que l’on soit un homme ou une femme.
La situation change progressivement puisque l’on rencontre de plus en plus d’éléments féminins dans les classes de trompettes, les concours, les orchestres ou comme solistes, et Lucienne Renaudin Vary appartient à cette catégorie d’interprètes qui inspirent les jeunes générations.
