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Tournée Europe 2019 : Trois solistes, quatre grandes œuvres

Photo : Jean-Marc Abela

Au cours de sa tournée européenne qui se poursuit jusqu’au 25 mars, l’OSM est accompagné par trois solistes de renommée internationale, qui interprètent des œuvres majeures du répertoire. Nous vous invitons à en apprendre plus sur ces solistes, les pièces qu’ils présentent ainsi que l’œuvre maîtresse de la tournée : le Sacre du printemps, de Stravinsky.

Jean-Yves Thibaudet et le Concerto no 5 de Camille Saint-Saëns

Musicien accompli et virtuose impressionnant, le pianiste français Jean-Yves Thibaudet est reconnu pour ses interprétations chaleureuses et vivantes. Vétéran de l’enregistrement avec plus de 50 disques à son actif, dont plusieurs avec Decca, il a reçu des critiques élogieuses pour la pièce qu’il interprète en tournée avec l’OSM, le Concerto no 5 « Égyptien » de Saint-Saëns. Le Sydney Morning Herald soulignait notamment que le jeu du pianiste y est porteur d’une « brillance bien calculée et d’un charme posé ».

Dernier concerto de Saint-Saëns, l’Égyptien a été inspiré au compositeur, grand voyageur et amoureux du Moyen-Orient, par un voyage sur le Nil. Il fut composé dans la ville de Luxor, reconnue pour son fameux temple. Saint-Saëns l’écrivit pour le jouer lui-même au 50e anniversaire de ses débuts à la salle Pleyel. À l’occasion d’un entretien accordé à Los Angeles, Jean-Yves Thibaudet expliquait à quel point il aime ce concerto rarement joué :

« Saint-Saëns était lui-même un virtuose et il voulait une pièce qui lui permettrait d’exploiter ses capacités comme pianiste. C’est un concerto très difficile, exigeant sur le plan technique, et excitant. C’est aussi très exotique. Il y a beaucoup de couleurs intéressantes, d’harmonies et de belles interactions entre l’orchestre et le piano. C’est une pièce un peu extravagante. »

Jean-Yves Thibaudet a collaboré avec l’OSM pour la première fois en 1986. Par la suite, il fut réinvité 9 fois comme soliste au fil des ans, dont un dernier concert juste avant la tournée, qui représente la poursuite d’une amitié de 32 ans entre le pianiste et l’OSM.

Concerts : le 13 mars à Hambourg, le 14 mars à Essen, le 21 mars à Munich et le 25 mars à Berlin.

Marie-Nicole Lemieux et les Wesendonck Lieder de Richard Wagner

En chantant les Wesendonck Lieder de Wagner, Marie-Nicole Lemieux retourne au répertoire de son tout premier enregistrement, en 2000, après sa victoire au Concours Reine Elizabeth de Belgique.

Bien connue et aimée tant en Europe qu’au Québec, Marie-Nicole Lemieux est fréquemment invitée comme soliste par les grands orchestres, mais sa relation avec l’OSM ainsi qu’avec Kent Nagano, qu’elle qualifie de « bienveillant », est privilégiée. Comme elle le mentionnait récemment dans un entretien accordé à La Presse, le maestro lui a donné de très précieux conseils à la suite d’une tournée avec l’OSM, en 2007, afin qu’elle prenne une pause et préserve ce trésor national qu’est sa voix. Au fil des ans, elle a été soliste invitée de l’OSM à de nombreuses reprises.

La grande contralto native du Saguenay-Lac-St-Jean a charmé le public européen depuis longtemps, notamment pour son rôle de Mrs. Quickly dans l’opéra Falstaff. Elle faisait ses débuts au Metropolitan Opera de New York en janvier dernier dans Pelléas et Mélisande.

Mathilde Wesendonck, poète et jeune épouse du mécène Otto Wesendonck, protecteur du compositeur, est l’auteure des cinq poèmes composant ce cycle. Complètement fou d’elle, Wagner écrivait à Franz Liszt qu’il souhaitait « ériger un monument » à cette idylle en écrivant ce chef-d’œuvre. On peut dire qu’il a réussi!

Concerts : Philharmonie de Paris, le 19 mars, et Palais des beaux-arts de Bruxelles, le 20 mars. On pourra voir et entendre les rediffusions du concert de Paris sur la chaîne Mezzo Live HD le 3 avril à 20h, le 9 avril à 1h15, le 18 avril à 12h30, le 23 avril à 8h45 et le 28 avril à 20h.

Rafał Blechacz et le Concerto pour piano no 23 K. 488 de Mozart

Lauréat du Concours Chopin de Varsovie en 2005, le pianiste polonais Rafał Blechacz a été plusieurs fois l’invité de l’OSM. On l’a notamment entendu le 27 février dernier, dans ce même concerto de Mozart, mais auparavant, dans un récital Chopin à l’occasion de la Virée classique, en 2014, ainsi que dans le Concerto no 2 de Chopin, en 2015.

En plus d’avoir donné des concerts ensemble plusieurs fois, Rafał Blechacz et Kent Nagano ont aussi en commun d’être capables de haute voltige intellectuelle quand vient le temps de réfléchir à leur art. Ainsi, tandis que Kent Nagano a couché sur papier ses réflexions profondes sur la musique et le rôle du musicien dans son livre, Sonnez Merveilles! Rafał Blechacz a complété une thèse de doctorat en philosophie, dans laquelle il se penche sur le rôle et la liberté de l’interprète. Les grands esprits se rencontrent!

Depuis sa victoire au Concours Chopin,  Rafał Blechacz enregistre sur Deutsche Grammophon, où il a gravé des œuvres de Chopin, Bach, Mozart et Beethoven. Le jeu riche, intimiste et profond du pianiste s’accorde parfaitement à la beauté sombre et à l’intelligence du Concerto no 23 de Mozart, l’un des plus beaux du compositeur, célèbre pour la triste et poignante mélodie de son Adagio.

Concerts : le 11 mars à Düsseldorf, le 17 mars à Vienne, et le 22 mars à Ratisbonne.

Le Sacre du printemps de Stravinsky

Au cours de son périple, l’OSM joue le Sacre du printemps de Stravinsky pas moins de sept fois! En se plongeant dans l’histoire de l’orchestre, on constate que le Sacre a été significatif. En effet, à la fin de cette tournée, l’OSM aura interprété cette pièce mythique 70 fois. Pièce spectaculaire par excellence, le Sacre a notamment été joué lors de tournées en Europe en 1984 et aux États-Unis en 2016. Il a aussi été joué deux fois à Carnegie Hall.

C’est surtout à travers son enregistrement sous la direction de Charles Dutoit que l’OSM s’est imposé comme interprète de premier plan du chef-d’œuvre de Stravinsky. Enregistré en 1984, le disque demeure une version de référence.

La musique de Stravinsky a toujours fait partie du répertoire régulier de l’OSM, notamment avec Petrouchka et L’Oiseau de feu. L’orchestre a d’ailleurs enregistré 14 des œuvres du compositeur. D’autre part, peu de gens savent qu’en 1946, Igor Stravinsky en personne visitait Montréal, assistant à un concert des Concerts symphonique de Montréal (ancien nom de l’OSM) à l’auditorium du Plateau!

Avec une vision musicale renouvelée sous la direction de Kent Nagano, le Sacre est joué en tournée à Düsseldorf, Essen, Vienne, Paris, Munich, Ratisbonne et Berlin.